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::::: Sciences économiques et sociales :::::

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La famille à la base de la société

Les indications complémentaires du programme de seconde indiquent un premier objectif : "permettre aux élèves de relativiser leurs propres représentations de la famille et de comprendre son évolution." Commençons donc par un état des lieux du paysage familial français.

Problématique : la famille est-elle un phénomène naturel ? Comment la définir ? Quelles sont ses formes actuelles ? Peut-on parler de "crise de la famille" ?

1 - La famille est-elle un phénomène naturel ?
Le terme de nature (du latin "nascor" signifiant "naître") renvoie au biologique, à l'inné, à l'hérédité, à l'instinct. C'est quelque chose qui existe indépendamment de la société (la procréation par exemple est un phénomène naturel, c'est-à-dire biologique). Si la famille était un phénomène essentiellement naturel, alors on trouverait peu de variation dans les formes familiales, quelques soient les sociétés humaines.

Or l'histoire, l'anthropologie, la sociologie nous apprennent qu'il existe une grande diversité de formes familiales. Les familles françaises du XVIIIème siècle fonctionnaient différemment de celles d'aujourd'hui (d'ailleurs différentes formes coexistaient). Celles du début du siècle n'avaient pas la même taille que celles d'aujourd'hui. Celles que l'on rencontre dans les sociétés primitives sont également différentes. L'élément qui explique cette diversité, c'est la diversité des sociétés humaines elles-mêmes. Selon Claude Levi-Strauss, il n'existe guère qu'une seule règle sociale commune à toutes les sociétés : l'interdit de l'inceste. La famille est donc un concept faussement simple.

2 - Comment définir la famille ?
Au-delà de cette diversité, essayons de retenir les éléments essentiels que l'on retrouve partout. Le terme latin famulus qui a donné "famille" en français désignait sous l'Antiquité l'ensemble des serviteurs vivant dans un même foyer. Aujourd'hui deux critères permettent de définir la notion de famille : la résidence et la parenté.

La famille au sens strict désigne aujourd'hui un ensemble de personnes apparentées et vivant sous le même toit. Par extension, on parle de famille au sens large pour désigner un ensemble de personnes apparentées, qu'elles résident ensemble ou pas (donc y compris l'oncle d'Amérique vivant à 10000km). On parle de groupe domestique pour désigner un ensemble de personnes vivant sous le même toit, qu'elles soient apparentées ou pas (l'INSEE parle de ménage).

3 - Quelles sont les formes actuelles de la famille ?
Le paysage familial français a connu d'importantes évolutions depuis le milieu des années 60 : baisse de la fécondité, fragilisation du couple, baisse du nombre de mariages au profit des unions libres, développement des familles monoparentales et recomposées, augmentation du nombre de célibataires, augmentation des naissances hors mariage.

4 - Peut-on parler de "crise de la famille" ?
Ceux qui font cette hypothèse compare implicitement la grande diversité des trajectoires familiales actuelles au modèle traditionnel fondé sur le mariage. En réalité, le prétendu "modèle traditionnel" n'a vraiment dominé qu'entre les années 20 et les années 60. Dans un passé plus lointain, les familles recomposées par exemple étaient nombreuses, au moins autant qu'aujourd'hui, même si les motifs étaient différents (le veuvage dû aux guerres, famines, épidémies). Le conte de Blanche Neige élevée par la terrible marâtre nous le rappelle : ces situations étaient fort courante.

Jusqu'au début du XXème, les femmes étaient également nombreuses à travailler, comme aujourd'hui. Dans les familles ouvrières et paysannes, il ne pouvait pas y avoir de bouche oisive à nourrir : tout le monde travaillait dés le plus jeune âge. C'est l'élévation du niveau de vie qui a conduit les catégories populaires à adopter les moeurs de la petite bourgeoisie selon lesquelles les femmes devaient rester à la maison. La période qui va des années 20 aux années 60 apparait donc beaucoup plus comme une parenthèse exceptionnelle que comme un socle "traditionnel". Loin d'être en crise, les familles modernes dans leur diversité s'apparentent presque à un "retour à la normale", si cette expression avait un sens.

5 - Comment peut-on expliquer cette diversification des modèles familiaux ?
Dans la famille moderne, on observe une grande autonomisation de l'individu par rapport à la structure familiale : le choix du conjoint n'est plus aussi fortement prédéterminé que dans le passé, le but d'une union est devenu hautement subjectif (le sujet, l'individu) : l'amour, et non pas la reproduction sociale. Enfin la prise d'indépendance des femmes par rapport à leur mari est très nette. Cela renvoie à la montée de l'individualisme dans la société moderne.

Ensuite, le programme de seconde indique qu'il s'agit de montrer que : "la famille est une instance de socialisation. Il s'agit simplement de faire comprendre que le processus de socialisation est plus une interaction qu'une inculcation." Poursuivons donc par un questionnement sur la socialisation.

Problématique : quel est le rôle traditionnel de la famille dans la vie d'un individu ? Comment cela s'est-il transformé ? Quel est le rôle actuel ?

1 - Quel est le rôle traditionnel de la famille dans la vie d'un individu ?
Dans la société traditionnelle, la naissance d'un enfant n'est ni décidée, ni planifiée. L'importance de la mortalité infantile fait que les parents ne se font guère d'illusion sur les chances de survie de leurs rejettons. Leur investissement affectif était faible, chacun s'attendant au pire, qui arrivait souvent. L'adolescence n'existait pas, et l'enfance était réduite au strict minimum puisqu'il ne pouvait y avoir de bouche inutile à nourrir. Tous les membres de la famille travaillaient. L'autoritarisme parental était la règle. L'absence d'école faisait de la famille le principal lieu d'apprentissage de la vie en société. L'individu y apprenait les règles élémentaires, puis quittait le giron familial pour fonder très rapidement sa propre famille. La famille était autrefois une réalité morale et sociale.

2 - Comment cela a-t-il évolué ?
La situation a commencé à se transformer lentement, à partir du XVIIIème siècle. Avec les progrès sanitaires, la mortalité infantile commence à diminuer. Pour éviter une augmentation trop importante de la taille de leur famille, les individus commencent à planifier les naissances. Les principes de la contraception se diffusent peu à peu. Parallèlement à la montée du salariat se développe les familles nucléaires, au détriment des grandes familles exploitant communautairement la terre. L'enfant devient plus présent, l'adolescence apparait. Moins frappés par la mortalité précoce de leurs enfants, les couples songent de plus en plus à l'avenir de ceux-ci. Leur investissement affectif grandit fortement. L'amour parental devient presque obligatoire, sous peine de passer pour un parent indigne. La famille constitue de plus en plus une réalité sentimentale et affective.

3 - Quel rôle joue actuellement la famille dans la vie d'un individu ?
L'homme est un être social, un être de culture. Il n'existe que dans et à travers la société. Pour y vivre, il doit en apprendre les règles de base et en assimiler les idéaux. Pour l'enfant, la famille est justement la première matérialisation d'un environnement social. La famille est souvent pour l'enfant l'occasion d'un premier contact avec cet environnement. Il prend conscience qu'il n'est pas seul.

Les relations de l'enfant avec sa famille ont une double dimension. D'une part, il va apprendre les modèles de la collectivité : ses normes, ses valeurs. Cet apprentissage n'est pas inné, n'est pas transmis héréditairement. Il est différent pour chaque génération, même si en grande partie il s'agit d'un héritage. On parle de socialisation pour désigner ce processus d'intégration de l'individu dans la société. Ce processus se poursuit tout au long de la vie de l'individu, avec une intensité variable. La famille n'est pas la seule instance permettant cette socialisation. Avec la massification de l'enseignement, son rôle a même tendance à diminuer au profit de l'école.

D'autre part, il serait faux de penser que la socialisation n'est qu'une simple acquisition d'un modèle culturel pré-établi, dont l'individu ne ferait qu'hériter. C'est un processus largement interactif qui s'établie entre les parents et les enfants. L'enfant n'est pas le simple réceptacle d'un modèle qu'il doit assimiler de gré ou de force. Le psychisme des parents est lui aussi influencé à travers l'acte éducatif.

Ainsi, on constate aujourd'hui que le modèle parental autoritaire recule au profit de ce qu'on peut appeler la "démocratie familiale", fondée sur les valeurs d'autonomie, d'épanouissement personnel, de libre expression. Il est ainsi de plus en plus courant de décider ensemble avec les enfants du lieu où la famille partira en vacances. l'enfant a de plus en plus son "mot à dire". Ces valeurs-là n'étaient pas celle de la génération précédente, ce qui montre qu'on ne peut pas se contenter de parler d'héritage transmis.

J'ai fini de préparer ce cours
Prof de S.E.S s'arrachant la tête avec le cours sur la famille

Puis le programme de seconde demande d'introduire "l'idée de reproduction sociale à travers notamment l'exemple de l'homogamie. Ce sera l'occasion (...) de montrer que (la démarche sociologique) n'induit aucun déterminisme social." Le questionnement suivant portera donc sur la reproduction.

Problématique : le choix d'un conjoint est-il un acte purement individuel ? Les destins individuels sont-ils déterminés à l'avance dans notre société ?

1 - Le choix d'un conjoint est-il un acte purement individuel ?
Qu'est-ce qui amène un individu dans la société à choisir tel ou tel conjoint ? On a parlé de montée de l'individualisme, des valeurs d'autonomie, d'épanouissement personnel, de libre expression. Par rapport à l'époque où se pratiquaient les mariages forcés, ou les mariages d'intérêt, bien des choses ont changé. Cependant, jusqu'à quel point le choix d'un conjoint est-il un acte purement individuel ?

Bien sûr, c'est par désir ou attirance que deux individus décident de se marier ou simplement de former un couple. Cependant, on se rend compte à travers les données chiffrées que l'on rencontre des régularités statistiques, de grandes tendances. Les unions obéissent en fait à des règles sociales, non dites. Il existe une tendance qui reste forte à s'unir avec un individu dont on est proche. Cela s'appelle l'homogamie.

Cette proximité se situe au niveau social, donc entre personnes appartenant à des catégories sociales proches. Cela implique une relative homogénéité en terme de revenus, de capital culturel, de perspectives personnelles. Le choix d'un conjoint n'est donc pas complètement "individuel" : le choix en apparence libre est en partie déterminé par des modalités qui échappent à l'individu.

2 - Les destins individuels sont-ils déterminés à l'avance dans notre société ?
Cependant dans certaines situations (les catégories sociales privilégiées, la bourgeoisie) l'homogamie n'est pas une détermination sociale mais peut être une véritable stratégie matrimoniale. Tout est fait pour que les enfants de bourgeois se fréquentent depuis la plus tendre enfance, tout en vivant à l'écart des autres. C'est tout "naturellement" (!) qu'à l'âge adulte, fondus dans le même moule, ils vont se "choisir" pour s'unir. Leur critère individuel sera l'amour, comme tout un chacun; mais en réalité le prétendu "choix" aura été en partie déterminé par leur classe sociale.

L'homogamie n'est pas pour autant une loi de fer qui s'applique à tous de façon massive et obligatoire. Il existe de nombreux couples exogames. Parfois, on l'a vu, l'homogamie n'est pas un jeu spontané mais est savamment organisée par le milieu social, qui ne laisse rien au hasard et agit de façon stratégique.

Plus largement, même si la sociologie a pour ambition scientifique de repérer et d'expliquer les régularités qu'elle observe dans le champ social, elle ne consiste pas à expliquer que le destin des hommes est déterminé à l'avance par leur classe sociale, leur âge ou leur sexe. Les possibilités individuelles, y compris stratégiques, restent largement ouvertes.

Enfin le programme de seconde indique que "la famille est aussi un lieu de production, de consommation et d'échanges." Le questionnement suivant portera donc sur ces trois dernières fonctions.

Problématique : dans quelle mesure travaille-t-on encore en famille ? Quelles sont les autres fonctions majeures de la famille ?

1 - Dans quelle mesure travaille-t-on encore en famille ?
Une importante fonction de la famille dans le passé était la production : le cercle familial était une cellule productive essentielle. Dans les familles d'agriculteurs, d'artisans, de commerçants, on travaillait ensemble.

Avec le développement capitaliste et la montée du salariat, la petite production marchande a peu à peu été réduite à sa plus simple expression. Par exemple en 30 ans, les grandes entreprises de la distribution (comme Carrefour) ont pris la place des petites épiceries familiales. Cependant si les non salariés (travailleurs indépendants, entrepreneurs individuels) ne représentent plus aujourd'hui que 15% des actifs, ils continuent souvent à travailler en famille.

Mais globalement, famille et entreprise sont de moins en moins confondues. L'héritage lui-même ne joue plus le même rôle qu'autrefois car avec l'augmentation de l'espérance de vie, il intervient de plus en plus tard : les enfants qui en bénéficient ont déjà construit leur vie professionnelle. L'héritage n'est plus un préalable à leur installation.

Cependant il n'y a pas que la production marchande. Faire la vaisselle, garder les enfants, préparer le repas, faire pousser des carottes dans le jardin c'est aussi produire : on parle de production domestique. De plus en plus, la fonction productive de la famille se limite à ce travail domestique.

On observe d'ailleurs que tous les membres de la famille ne participent pas à égalité à ces travaux domestiques. Pour les adolescents il existe un écart de 40 minutes par jour (1997) : ce sont les filles qui en font le plus.

2 - Quelles sont les autres fonctions majeures de la famille ?
Si l'on produit de moins en moins dans la famille, par contre on consomme de plus en plus. Une partie de cette consommation est liée aux enfants. Lorsqu'ils sont petits, ils ont des besoins spécifiques. Lorsqu'ils grandissent, ils exercent une influence de plus en plus sensible sur les achats de la famille.

Enfin la famille est aussi un lieu d'échanges : échanges de services (la grand-mère garde ses petits-enfants), cadeaux (anniversaires et autre), dons d'argent (en cas de difficulté passagère, ou pour payer les études des enfants etc). Il existe de grandes inégalités à ce niveau entre milieux sociaux. Les milieux bien dotés en capital social font courament jouer leurs relations personnelles (piston) pour trouver du travail à leurs enfants. On pourrait croire que les milieux populaires aident moins leur famille. En réalité la solidarité familiale joue autrement : c'est plus facilement des services qui sont échangés comme l'aide au bricolage etc...

La solidarité familiale joue de moins en moins vis-à-vis des personnes âgées, surtout dépendantes. De façon majoritaire, les individus estiment aujourd'hui que c'est aux pouvoirs publics de fournir l'effort financier pour ces personnes (financer des aides ménagères etc).

Selon le programme la famille doit être traitée en quatre à cinq semaines (8 à 10h de cours, deux travaux pratiques). Il s'agit d'une durée indicative.

© 1997-2003