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Bulletin
Officiel du ministère de
l'Education Nationale et
du ministère de la Recherche
N°28 du 12
juillet
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www.education.gouv.fr/bo/2001/28/encartd.htm
- nous
écrire
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ENCART
B.O.
n°28 du 12-7-2001
Programmes
des lycées
PROGRAMME D'ENSEIGNEMENT DES SCIENCES ÉCONOMIQUES
ET SOCIALES EN CLASSE DE PREMIÈRE DE LA SÉRIE ÉCONOMIQUE
ET SOCIALE
A. du 5-6-2001. JO du 30-6-2001
NOR : MENE0101229A
RLR : 524-6
MEN - DESCO A4
Vu
code de l'éducation ,not. art. L. 311-1 à L. 311-3 et L. 311-5
; D. n° 90-179 du 23-2-1990 ; A. du 18-3-1999 mod. ; A. du 9-8- 2000 ;
avis du CNP du 24-4-2001 ; avis du CSE du 3-5-2001
Article
1 - Les
dispositions contenues dans l'arrêté du 9 août 2000 susvisé
et relatives au programme de l'enseignement obligatoire des sciences économiques
et sociales en classe de première de la série économique
et sociale sont annulées
et remplacées par
les dispositions annexées au présent arrêté.
Article 2 - Le
directeur de l'enseignement scolaire est chargé de l'exécution
du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel
de la République française.
Fait à Paris, le 5 juin 2001
Pour le ministre de l'éducation nationale
et par délégation,
Le directeur de l'enseignement scolaire
Jean-Paul de GAUDEMAR
Annexe
PROGRAMME
D'ENSEIGNEMENT DES SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES EN CLASSE DE PREMIÈRE
DE LA SÉRIE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE
"L'ORGANISATION
DE LA SOCIÉTÉ : LIEN MARCHAND, LIEN SOCIAL, LIEN POLITIQUE"
I - PRÉSENTATION
I.1
Finalités et objectifs des sciences économiques et sociales
Les sciences économiques et sociales, dans
toutes les classes où elles sont enseignées, doivent conduire
à la connaissance et à l'intelligence des économies et
des sociétés contemporaines, et ainsi concourir à la formation
du citoyen apte à saisir les enjeux des choix économiques et sociaux.
Afin de préparer les élèves à la poursuite d'études
supérieures, l'enseignement s'attachera à assurer l'acquisition
d'une culture générale fondée sur la maîtrise de
connaissances, d'outils et de méthodes d'analyse permettant un traitement
rigoureux des questions économiques et sociales.
Cela exige :
- d'amener les élèves à développer
des raisonnements précis dans l'étude des faits économiques
et sociaux ;
- de leur faire acquérir des éléments
de connaissances scientifiques, des concepts, des méthodes, propres aux
disciplines de référence du champ des sciences économiques
et sociales ;
- de les amener à combiner les problématiques
et les outils d'analyse de différentes disciplines (économie,
sociologie, science politique, droit) et les différentes approches théoriques
;
- de les former à la réflexion critique
à l'égard du sens commun, des sources et des méthodes d'analyse
;
- de s'appuyer sur les représentations des
élèves pour les transformer et les enrichir.
Ces objectifs déterminent les méthodes
de travail qui supposent :
- la collecte, le traitement et l'analyse de l'information
économique et sociale ;
- l'utilisation du travail sur documents (écrit,
audiovisuel, informatique), qui contribue à l'apprentissage de l'autonomie
;
- la production de synthèses, de commentaires,
et d'argumentations, dans le cadre de l'écrit comme de l'oral.
Ces méthodes actives peuvent être conduites
en travail individuel et en petits groupes.
Une utilisation régulière des technologies
de l'information et de la communication pourra dynamiser la recherche d'information
et l'autonomie des apprentissages, faciliter le travail coopératif et
améliorer les productions individuelles.
I.2 Cohérence
Le programme de la classe de première invite
les élèves à poursuivre une réflexion consacrée
à une question centrale : comment la société est- elle
possible ? Comment la vie sociale ne débouche-t-elle pas sur la guerre
de tous contre tous ? Si la société se produit elle-même,
quels sont les dispositifs qui permettent d'assurer la cohésion sociale
? Cette réflexion est articulée autour de l'analyse de trois liens
: le lien marchand, le lien social, le lien politique. L'enjeu de la classe
de première est de montrer aux élèves, à partir
de l'étude des activités économiques et sociales et de
leur régulation, en quoi le regard spécifique de l'économie,
de la sociologie, de la science politique constitue un éclairage indispensable
pour appréhender ces liens. Il est aussi de montrer la fécondité
du croisement des regards de plusieurs disciplines : le lien marchand ne se
conçoit pas sans un cadre institutionnel, les formes du lien social évoluent
en relation avec les transformations économiques et politiques et le
lien civique suppose une socialisation. Ces trois dimensions de l'organisation
de la société sont retenues en classe de première : les
deux premières sont approfondies dans ce programme d'enseignement obligatoire,
alors que la troisième l'est dans l'enseignement de science politique,
proposé en enseignement obligatoire au choix.
Le programme de la classe de première est
articulé avec ceux des classes de seconde et terminale quant aux méthodes
et aux contenus. Les notions et concepts les plus difficiles sont progressivement
approfondis sur les trois années alors que d'autres sont étudiés
à l'une de ces étapes et peuvent ensuite être remobilisés.
L'évolution de la ressource horaire au bénéfice
de la classe terminale doit permettre de traiter effectivement les approfondissements
suggérés durant cette dernière classe ; les professeurs
devront donc veiller, chaque fois que cette démarche est préconisée,
à limiter leur enseignement à sa première étape.
I.3 Présentation du document
Deux éléments constituent le programme
de la classe de première :
- un tableau en deux colonnes présentant,
selon les traditions de la discipline, les thèmes du programme et les
notions que les élèves doivent connaître et savoir utiliser
;
- des indications complémentaires à
l'intention plus particulière des professeurs. Elles fournissent une
grille de lecture indispensable à la mise en œuvre de ce programme
et aux attendus de ce programme et elles suggèrent des approches possibles
ainsi que des appuis documentaires.
L'ordre de présentation des contenus du programme
n'est pas contraignant. Dans le cadre de sa liberté pédagogique,
chaque professeur organise sa progression selon son projet et sa classe.
II
- PROGRAMME
THÈMES
DU PROGRAMME
|
NOTIONS QUE
LES ÉLÈVES DOIVENT CONNAÎTRE
ET SAVOIR UTILISER
|
Introduction
:
Lien marchand, lien social, lien politique |
(cf.
"indications complémentaires") |
1.
Les activités économiques et sociales
|
1.1
Les activités économiques
Une représentation du fonctionnement
de l'économie |
|
•
Les
acteurs et leurs relations |
Entreprises,
ménages, administrations, institutions financières, extérieur
Production, consommation intermédiaire, revenu
Formation brute de capital, consommation finale, dépense |
•
Les
échanges extérieurs |
Balance
courante, taux de couverture, taux d'ouverture |
•
La
mesure de l'activité économique |
VA
(valeur ajoutée), PIB (produit intérieur brut), taux de
marge, équilibre emplois- ressources, taux d'épargne, taux
d'investissement |
Le
financement de l'économie |
|
•
L'équilibre financier des agents |
Capacité,
besoin de financement |
•
Financement
intermédié et financement de marché |
Autofinancement,
crédit, actions, obligations |
•
Formes
et fonctions de la monnaie |
Taux
d'intérêt |
•
Création
monétaire |
Monnaie
fiduciaire, monnaie scripturale |
1.2
L'organisation sociale
La structure sociale |
|
•
Une
classification de la population : les
professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) |
Groupe
social, catégories socioprofessionnelles |
•
Classes
et stratification sociales |
Holisme,
individualisme, rapports sociaux, hiérarchie, domination, classes
sociales |
La
socialisation : déterminismes et
interactions |
Valeurs,
normes, rôles, statuts, reproduction |
La
culture : transmission et construction
collective |
Intégration,
acculturation, sous-culture, conflits culturels |
1.3
L'organisation politique |
|
État
de droit |
Pouvoir,
nation, légitimité, État, règles de droit |
Niveaux
de pouvoir |
Pouvoir
central/local, supranational, subsidiarité |
Citoyenneté |
Contrat
social, participation, représentation |
2.
La régulation économique et sociale
|
2.1
La coordination par le marché
Marché
et société |
|
•
L'institutionnalisation
du marché |
Échange
marchand et non marchand, don |
•
Rapports
marchands et ordre social |
Droits
de propriété |
Les
mécanismes du marché
|
|
•
Formation
de l'offre, de la demande et
du prix d'équilibre sur un marché
|
Prix
d'équilibre, quantité d'équilibre |
•
Rôle
des marchés et régulation concurrentielle
|
Information,
rationnement de l'offre ou de la demande, élasticité
|
•
La
pluralité des situations de marché |
Concurrence
parfaite, monopole, oligopole, concurrence monopolistique |
L'entreprise
et les marchés |
|
•
Les
stratégies des entreprises |
Coûts,
profit, productivité, économies d'échelle
Concentration,
coopération, barrières
à
l'entrée et à la sortie, différenciation, innovation
|
•
Le
contrôle de la concurrence |
Abus
de position dominante |
Les
limites du marché
|
(cf.
"indications complémentaires") |
2.2
L'action des pouvoirs publics |
|
Les
fondements de l'intervention des
pouvoirs publics : allocation, redistribution, régulation, réglementation |
Externalités
et biens collectifs : égalité-inégalité, redistribution,
protection sociale, assistance /assurance |
Les
moyens d'action des pouvoirs publics |
Prélèvements
obligatoires, dépense publique, service public/privé |
Les
limites de l'intervention des pouvoirs publics |
La
contrainte budgétaire, la contrainte extérieure |
L'organisation
des pouvoirs publics et son efficacité |
(cf.
"indications complémentaires") |
2.3
Régulation et cohésion sociale
Contrôle
social : normes et interactions |
|
•
Construction
des normes |
Règles,
production des normes, contraintes, sanctions |
•
Conformité
et déviance |
Déviance
/ délinquance, stigmatisation, étiquetage, marginalité |
Conclusion
: Régulation sociale et conflits |
Négociation,
mouvements sociaux |
III - INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES
Ces indications complémentaires, à
l'intention plus particulière des professeurs et dans le respect de leur
liberté pédagogique, ont pour objet de favoriser l'harmonisation
de leur lecture de ce programme et de délimiter le contenu de ses différents
thèmes en proposant des perspectives pour leur mise en œuvre. Elles
mettent l'accent sur les connaissances de base, les apprentissages fondamentaux
et l'acquisition de savoirs structurants.
Elles soulignent qu'il ne s'agit pas de reproduire
des enseignements de science économique, de sociologie ou de science
politique tels que les proposent les spécialistes universitaires, mais
d'adapter les méthodes et résultats de travaux de recherche menés
sur les thèmes du programme pour en faire des savoirs scolaires qui puissent
être acquis par les élèves de la classe de première.
Une telle adaptation ne réduit pas le programme à une liste de
concepts, notions et mécanismes que les élèves auraient
à apprendre. L'apprentissage de la conceptualisation en sciences économiques
et sociales doit aider les élèves à problématiser
des questions socialement vives et faciliter l'aller-retour entre conceptualisation
et investigation empirique. On pourra, d'une part, croiser l'éclairage
économique par le sociologique et le politique et, d'autre part, confronter
des discours concurrents issus de chacun de ces domaines de savoir. On prendra
garde néanmoins à ne pas verser dans un relativisme excessif qui
pourrait laisser croire qu'en sciences sociales tous les discours se valent
alors qu'il s'agit de montrer, au contraire, que dans ces sciences, des théories
souvent concurrentes et parfois complémentaires sont nécessaires
pour éclairer la réalité sociale.
III.1 Introduction (durée indicative :
1 semaine)
Le
choix d'un exemple pertinent permettra de mettre en évidence la complexité
et la diversité des formes des liens économique, social et politique.
Il s'agit de proposer une "sensibilisation" en questionnant de manière
convergente un "objet" qui ne peut évidemment être soumis à
un examen approfondi en début d'année. Cet exemple pourrait être
l'introduction de l'euro ou l'aménagement et la réduction du temps
de travail (ARTT). Naturellement d'autres exemples pourront être mobilisés
en fonction de l'actualité.
III.2 Les activités économiques
et sociales
Cette
première partie doit conduire les élèves à la maîtrise
d'un certain nombre de concepts et de notions-clés qui leur permettront
de comprendre le fonctionnement de nos économies, l'organisation sociale
et le cadre politique de nos sociétés. Pour la clarté de
l'exposé et pour des raisons didactiques, chaque domaine a été
envisagé successivement. La seconde partie du programme se prêtera
davantage à une approche transversale caractéristique des sciences
économiques et sociales : on y mobilisera des concepts et des raisonnements
issus des différentes disciplines concernées pour comprendre les
sociétés contemporaines.
III.2.1 Les activités économiques (durée indicative : 6
semaines)
Une représentation du fonctionnement de
l'économie
Le
professeur soulignera que toute représentation du fonctionnement de l'économie
passe par des modèles simplifiés de la réalité.
L'enseignement s'appuiera sur la comptabilité nationale comme outil d'analyse
et de représentation du fonctionnement de l'économie. L'objectif
est ici de donner aux élèves, sans entrer dans le détail
technique des outils, le vocabulaire nécessaire à la lecture des
informations économiques et sociales et de présenter les mécanismes
élémentaires de fonctionnement de l'économie.
•
Les
acteurs et leurs relations
Les acteurs retenus sont désignés selon
leur fonction principale. Il s'agit d'élaborer avec les élèves
un circuit économique simplifié et de définir les concepts
élémentaires qui s'y rattachent (production, revenu, dépense).
•
Les
échanges extérieurs
Notre économie s'insérant de plus en
plus dans un cadre mondial, ce circuit sera présenté en économie
ouverte, en y intégrant les échanges extérieurs dont l'analyse
sera faite en classe terminale. On s'en tiendra donc ici à une analyse
des échanges de marchandises et de services avec les outils dont la liste
figure dans la colonne des notions à connaître et savoir utiliser.
La balance des paiements n'est pas au programme.
•
La
mesure de l'activité économique
La mesure de l'activité économique
n'appelle pas à une étude de la comptabilité nationale
envisagée sous l'angle technique. On ne présentera aux élèves
ni le tableau entrées-sorties (TES) ni le tableau économique d'ensemble
(TEE) mais seulement les principaux concepts qu'ils devront pouvoir utiliser
pour analyser la conjoncture et comprendre les mécanismes économiques
présentés ultérieurement. Dans cette optique, l'étude
de l'équilibre emplois-ressources est privilégiée. La liste
des notions à connaître est volontairement limitée, dans
le souci d'alléger le programme : ratios simples et d'usage courant en
politique économique, agrégats permettant une bonne compréhension
de l'équilibre emplois-ressources.
Le financement de l'économie
L'étude de ce thème est nécessaire
à la cohérence de la présentation des mécanismes
fondamentaux.
•
L'équilibre
financier des agents
L'étude du financement de l'économie
sera facilitée par le recours à une présentation comptable
simple permettant d'analyser la limitation des ressources face aux emplois.
Les applications au budget d'un ménage ou au compte d'exploitation d'une
entreprise pourront amener les élèves à réfléchir
sur les moyens de desserrer les contraintes financières ou de s'y adapter.
Dans une optique de stocks, la situation patrimoniale pourra également
être envisagée : il sera alors possible d'illustrer par des exemples
l'importance des distinctions entre actif et passif, actif brut et actif net.
L'objectif sera de montrer comment peuvent s'ajuster créances et dettes.
•
Financement
intermédié et financement de marché
Le rôle des marchés financiers sera
abordé sans approfondir l'analyse de leurs mécanismes : il s'agit
de montrer leur rôle dans l'ajustement des capacités et des besoins
de financement des entreprises, et d'expliquer aux élèves qu'il
existe deux modes de financement de l'économie : le financement intermédié
(le crédit bancaire notamment) et le financement direct par les marchés
dont l'importance s'est développée.
On présentera aux élèves les
caractéristiques des principaux instruments (action, obligation). Il
conviendra que les élèves connaissent les notions de taux d'intérêt
nominal et réel.
•
Formes
et fonctions de la monnaie
Les élèves devront être capables
de préciser ce qu'est la monnaie, d'en connaître les formes et
de distinguer la monnaie de ses supports matériels.
On soulignera la dimension conventionnelle de la
monnaie et le fait que sa valeur dépend de la confiance qu'on lui accorde.
À ce propos, on définira le pouvoir d'achat de la monnaie. On
montrera aux élèves que la monnaie est un élément
de la souveraineté, mais pas forcément de la souveraineté
nationale. On pourra se référer à l'introduction de l'euro
.
•
Création
monétaire
On remarquera que le pouvoir de création monétaire
appartient aux banques commerciales, la banque centrale en exerçant le
contrôle et la régulation. Les modalités techniques de la
création monétaire ne seront pas étudiées en tant
que telles. Mais on présentera les mécanismes simples du crédit
et de la création monétaire par les banques dans une économie
schématique, ce qui permettra d'évoquer le rôle de la banque
centrale. Le principe de refinancement des banques par la banque centrale sera
présenté en faisant une brève analyse du refinancement
par le marché monétaire.
III.2.2 L'organisation sociale (durée indicative : 6 semaines)
La question de la construction du lien social est
abordée dans cette partie. Il s'agit de montrer la spécificité
de l'approche sociologique en initiant les élèves aux principaux
concepts et aux principales problématisations de la sociologie.
La structure sociale
Il s'agit de montrer que les sociétés
occidentales contemporaines sont égalitaires en droit, mais demeurent,
comme n'importe quelle société, différenciées car
structurées par des distinctions, voire des inégalités
ou hiérarchies diverses. On pourra définir, au sens large, "structure
sociale" et "groupes sociaux" en mentionnant les genres, les âges et les
différences culturelles comme définissant des appartenances, pour
insister ensuite sur la profession et la position dans le système productif.
•
Une
classification de la population : les professions et catégories socioprofessionnelles
(PCS)
On invitera les élèves à une
réflexion sur les principes de construction de "l'outil" PCS, qui a été
simplement présenté en classe de seconde. A partir d'exemples,
on en montrera l'intérêt dans le repérage des groupes sociaux
mais aussi les limites (en termes d'homogénéité / hétérogénéité
par exemple). Les hypothèses qui sont au fondement de cet outil seront
ainsi mises en évidence.
•
Classes
et stratification sociales
Il s'agit ici d'étudier la pertinence du concept
de classes sociales dans la description et l'analyse de la structure sociale.
On montrera que les sociétés peuvent
être analysées :
- dans une perspective holiste, ce qui conduit notamment
à adopter une conception réaliste des classes sociales, dans laquelle
les conflits jouent un rôle central ;
- dans une perspective individualiste qui débouche
sur une conception nominaliste de la stratification sociale.
On soulignera donc la distinction entre les concepts
de classe et de strate.
La socialisation : déterminismes et interactions
À partir d'études comme celles relatives
aux sexes (genres) ou aux âges, on montrera le caractère social
et culturel des processus de construction de la personnalité et de l'identité
de l'individu conduisant à la naturalisation des perceptions, comportements
et modes de pensée. Il s'agira, en mêlant perspectives théoriques
et descriptions factuelles, de montrer que la socialisation est un processus
permanent d'ajustement entre la reproduction des pratiques et des jugements
et le réagencement, le détournement, l'adaptation de ces pratiques
et de ces jugements dans la réalité des situations sociales. On
insistera ainsi sur le caractère interactif et évolutif de la
socialisation et sur le fait que la reproduction sociale n'élimine pas
les possibilités de changement. Les connaissances acquises seront reprises
en classe de terminale pour étudier la mobilité sociale.
La culture : transmission et construction collective
La culture, au sens sociologique du terme, permet
de comprendre l'organisation des relations entre les individus. Les questions
de l'unité et de la diversité culturelles au sein d'une même
société, des différenciations sociales et des cultures
de groupe, feront l'objet d'une attention particulière. On s'interrogera,
à l'aide d'exemples, sur la part respective de l'héritage et de
l'acculturation dans la culture d'une société
III.2.3 L'organisation politique (durée indicative : 3 semaines)
L'objectif de cette troisième sous-partie
est d'évoquer une autre forme de lien qui unit les hommes en société
: le lien politique. Elle devra souligner l'importance de ce lien et fournir
les éléments indispensables pour aborder le programme de la classe
terminale. On abordera le rôle particulier du politique, les différents
niveaux de pouvoir, pour aboutir à une réflexion sur la citoyenneté.
État de droit
On pourra partir d'une réflexion autour du
pouvoir (qui ?, au nom de qui ?) pour poser la question de sa légitimité,
des procédures adoptées et du cadre de référence.
La question de la définition de l'État mérite d'être
particulièrement travaillée, pour délimiter ses contours
et le distinguer de la nation.
Niveaux
de pouvoir
L'objectif est de faire réfléchir les
élèves au fait que les niveaux d'exercice du pouvoir se sont diversifiés,
au-delà de l'État-nation, avec la création des régions
et l'instauration de l'Union européenne. À partir de quelques
exemples, il s'agit de montrer que les décisions peuvent être prises
à différents niveaux, ce qui permettra d'introduire la notion
de subsidiarité.
Citoyenneté
Il
convient de faire réfléchir les élèves à
la notion de citoyenneté en montrant que celle-ci fonde un contrat social
qui repose sur la représentation mais aussi la participation des citoyens.
Le lien avec l'enseignement obligatoire au choix
de SES de la classe de première sera envisagé en fonction des
situations d'enseignement. Si la classe suit en grande majorité ou en
totalité cet enseignement, l'essentiel de la sous-partie sur le lien
politique pourra être traitée dans ce cadre. Si une minorité
d'élèves seulement a choisi cet enseignement, le professeur pourra
solliciter plus particulièrement leur activité pour construire
des situations d'apprentissage adéquates.
Enfin, l'ECJS en classe de première s'appuie
sur les disciplines existantes, mais ne se substitue pas à elles. Les
élèves devraient utiliser avec profit les connaissances acquises
dans cette partie du cours pour construire des argumentations pertinentes, dans
le cadre des débats qu'ils auront à mener en ECJS, ce qui conduira
à renforcer leurs apprentissages.
III.3 La régulation économique et
sociale
III.3.1 La coordination par le marché (durée
indicative : 6 semaines)
On évitera de commencer par une présentation
trop abstraite de la notion de marché ; dans la mesure du possible, l'étude
sera illustrée par des exemples. Le marché ne sera pas réduit
à sa dimension économique, ses autres dimensions seront mises
en évidence.
Marché et société
•
L'institutionnalisation
du marché
On montrera que le marché ne fonctionne pas
(et n'a jamais fonctionné) sans règles de droit, qu'il suppose
l'existence d'un certain nombre d'institutions (organisations professionnelles,
tribunaux de commerce...) et le développement de nouveaux droits (droit
de la concurrence et de la consommation). La participation au marché
requiert des comportements adaptés : des exemples pris dans l'histoire
et dans l'actualité permettront de montrer que les formes de socialisation
du marché sont indispensables à son fonctionnement.
•
Rapports
marchands et ordre social
Il s'agira surtout de montrer que, s'ils structurent
notre société et s'étendent aujourd'hui à des domaines
nouveaux, les rapports marchands ne sont pas les seuls et ne sont pas toujours
les plus importants ; on peut repérer d'autres formes de relations sociales
dans le temps et dans l'espace. On pourra, par exemple dans le cadre des études
d'entreprises, montrer la différence entre lien marchand (entre entreprises)
et lien de subordination (au sein de l'entreprise) ou encore s'interroger sur
la permanence du don, sous des formes diverses, dans les sociétés
occidentales contemporaines.
Les mécanismes du marché
•
Formation
de l'offre, de la demande et du prix d'équilibre sur un marché
On s'attachera à mettre en évidence
les déterminants des comportements des agents, offreurs et demandeurs,
puis on procédera à la construction de courbes d'offre et de demande
et à l'analyse de la formation de l'équilibre sur un marché
de type concurrentiel : la représentation et l'analyse graphiques seront
privilégiées. La modification des conditions d'offre ou de demande
permettra de montrer comment s'ajustent, dans le temps, prix et quantités
d'équilibre.
•
Rôle
des marchés et régulation concurrentielle
L'objectif est de permettre aux élèves
de comprendre le rôle et la nature de la concurrence et la fonction des
marchés. L'analyse du caractère informatif des prix comme indicateur
de tension et révélateur des préférences pourra
conduire à examiner des cas de pénurie et de surproduction. Au-delà
de la production d'informations, on pourra mettre en évidence le rôle
que jouent les marchés dans l'allocation de ressources rares.
•
La
pluralité des situations de marchés
L'objectif est de présenter quelques situations
de marché, marchés de grand nombre, marchés de petit nombre,
en décrivant les causes de leur émergence et leurs effets pour
les offreurs et les demandeurs, notamment en termes de pouvoir de marché.
Sans entrer dans des développements formels inutiles, il sera fait référence
à l'impact de la forme des coûts fixes et des caractéristiques
de la demande sur la structure des marchés.
L'entreprise et les marchés
•
Les
stratégies des entreprises
On cherchera à faire comprendre pourquoi et
comment une entreprise met en œuvre des stratégies de concentration
horizontale, d'intégration verticale, de coopération, d'alliances
ou des stratégies de protection des marchés (barrières
à l'entrée, prix prédateurs). On précisera l'importance
des barrières légales à l'entrée (brevets, droits
d'auteur...).
L'accent sera mis sur le souci de maîtrise
de l'incertitude par l'entreprise et, brièvement, sur les enjeux de l'innovation.
L'environnement local pourra servir de référence.
On pourra aussi s'appuyer sur des exemples pris dans l'actualité, qui
se prêtent bien à la recherche documentaire, y compris sur l'Internet,
à l'utilisation de la presse et aux visites d'entreprises.
•
Le
contrôle de la concurrence
On s'attachera à montrer la nécessité
de règles et d'interventions d'autorités judiciaires ou de réglementation
dont le but est d'éviter ou de sanctionner les comportements abusifs
ou mettant en cause la sécurité. L'extension des domaines du droit
économique et de la concurrence ne sera pas envisagée en tant
que telle mais seulement à titre illustratif, sur la base de quelques
exemples récents (sécurité alimentaire, procès "Microsoft").
Les limites du marché
On s'attachera ici, en forme de conclusion et dans
la perspective de faire le lien avec ce qui suit, à mettre en évidence
l'ambivalence du marché. On fera prendre conscience aux élèves
que le marché ne peut exister sans règles encadrant les comportements
des co-échangistes et sanctionnant le non-respect des obligations contractuelles.
On montrera, en outre, que le marché peut être défaillant
soit parce qu'il ne permet pas la production de certains biens ou services,
soit parce qu'il suscite une amplification des déséquilibres,
source de creusement des inégalités et d'exclusion. En bref, il
s'agira de montrer (en continuité avec ce qui a été vu
à propos de l'organisation politique) qu'il n'y a pas d'économie
de marché sans règles juridiques.
III.3.2 L'action des pouvoirs publics (durée
indicative : 6 semaines)
Dans les économies ouvertes, les formes de
la régulation et les modalités de l'intervention des pouvoirs
publics se transforment. Au niveau national s'ajoutent les niveaux infra et
supranationaux, notamment européen. On proposera ici une première
analyse de ces interventions, en insistant surtout sur les enjeux des politiques
publiques. Ces questions seront développées par la suite dans
le programme de la classe terminale.
Les fondements de l'intervention des pouvoirs
publics : allocation, redistribution, régulation, réglementation
Il s'agit d'amener les élèves à
réfléchir sur les différents objectifs que peuvent poursuivre
les pouvoirs publics en matière de politiques économiques et sociales.
Leur intervention peut trouver des justifications
économiques dans les différentes défaillances du marché
(externalités, biens et services collectifs) .
De plus, elle peut avoir un fondement politique et
social : la recherche de la justice sociale. Cet aspect sera évoqué
sous l'angle de l'égalité, mais aussi de l'équité.
Il ne sera pas traité de façon théorique, mais on pourra,
par exemple, retenir les cas de la progressivité de l'impôt et
des politiques de discrimination positive. En ce qui concerne la redistribution,
il ne s'agira pas de dresser une liste de toutes les formes que peuvent prendre
les politiques de redistribution mais de s'interroger sur l'objectif poursuivi.
La protection sociale sera envisagée à partir du débat
entre logique d'assurance et logique d'assistance.
Les moyens d'action des pouvoirs publics
Cette étude familiarisera les élèves
avec des notions et des logiques indispensables pour aborder le programme de
la classe terminale où les politiques économiques seront étudiées.
Sans viser à l'exhaustivité, on conduira les élèves
à réfléchir aux critères qui président à
des choix politiques révélateurs de choix de société.
On privilégiera l'étude du budget en
étudiant les conséquences des choix effectués en termes
d'efficacité économique et/ou de justice sociale. Il n'est pas
souhaitable que cette étude donne lieu à des développements
techniques.
Les choix qui s'offrent aux pouvoirs publics en matière
de réglementation/déréglementation et d'incitations, ainsi
que les conséquences économiques et sociales qui peuvent en résulter
(par exemple, s'agissant de la pollution : normes, taxes ou marché des
droits à polluer) seront présentés brièvement. La
notion de service public sera introduite à partir d'un cas (téléphone
ou rail par exemple).
Les limites de l'intervention des pouvoirs publics
On montrera que l'action des pouvoirs publics s'inscrit
dans des contextes marqués par l'existence de contraintes, notamment
une contrainte de financement (endettement, prélèvements obligatoires)
et une contrainte extérieure, impliquant des choix qui les prennent en
considération et qui constituent aussi un moyen de les déplacer.
L'organisation des pouvoirs publics et son efficacité
Brièvement, dans une perspective historique,
on montrera l'extension des missions assumées par l'État. Cela
permettra d'expliquer pourquoi il constitue aujourd'hui, avec ses rouages administratifs,
un ensemble complexe de "sous-systèmes", chacun de ces sous-systèmes
ayant une autonomie partielle et sa propre logique. On pourra, alors, préciser
pourquoi, comme tout acteur, l'État se trouve confronté à
des problèmes d'efficacité et d'incitation dans l'exercice de
ses missions spécifiques et dans ses relations avec les autres agents,
problèmes qui peuvent entraîner des défaillances dans la
réalisation de ses objectifs. Les questions au centre des débats
sur la réforme de l'État pourront servir d'exemples. En bref,
il s'agira de montrer qu'il n'y a pas de fonctionnement efficace de l'État
sans mécanisme incitatif approprié.
III.3.3 Régulation et cohésion sociale
(durée indicative : 4 semaines)
Il s'agira de montrer qu'il existe un ensemble de
processus par lesquels la société, ou les groupes sociaux qui
la composent, régulent les activités des individus, permettant
l'entretien du lien social. On veillera à ne pas négliger la mise
en évidence du rôle des acteurs eux-mêmes dans cette construction.
Contrôle social : normes et interactions
•
Construction
des normes
En prenant appui sur l'étude des processus
de socialisation, on montrera comment les conduites des individus sont orientées
par un ensemble normatif qui s'articule avec un système de valeurs de
cohérence variable. On remarquera l'existence d'une transformation, voire
de l'émergence de normes, dans un processus de changement souvent marqué
par les conflits, et qui peut revêtir une dimension politique.
À partir de quelques exemples relatifs à
la famille, au travail et aux relations professionnelles, on fera observer que
les normes juridiques traduisent ou réfléchissent les normes sociales.
•
Conformité
et déviance
On s'interrogera sur la compatibilité et les
tensions entre l'acceptation des cadres inhérents à l'interaction
sociale et l'autonomie individuelle. On insistera sur la complexité du
rapport entre normes et déviances ainsi que sur la diversité des
formes et degrés de celle-ci. On montrera, à partir d'exemples,
le caractère évolutif et controversé des actes délinquants.
Conclusion : régulation sociale et conflits
(durée indicative : 1 semaine)
Ce
thème permettra de faire le lien avec le changement social en terminale.
À partir d'exemples, on montrera notamment comment les conflits peuvent
acquérir la dimension de mouvements sociaux en remettant en jeu des éléments
du système normatif (pacte civil de solidarité (PACS), réduction
du temps de travail...) et participer à la régulation sociale.
IV - SUGGESTIONS COMPLÉMENTAIRES
Savoir-faire applicables à des données
quantitatives
L'enseignement des sciences économiques et
sociales en classe de première devrait être l'occasion de maîtriser
les savoir-faire suivants, ce qui implique à la fois calcul et lecture
(c'est-à-dire interprétation) des résultats. Les calculs
ne sont jamais demandés pour eux-mêmes, mais pour exploiter des
documents statistiques travaillés en classe.
- Calculs de proportion et de pourcentages de répartition.
- Moyenne arithmétique simple et pondérée,
médiane.
- Lecture de représentations graphiques :
diagrammes de répartition, représentation des séries chronologiques.
- Mesures de variation : coefficient multiplicateur,
taux de variation, indice simple.
- Lecture de tableaux à double entrée.
- Évolution en valeur / en volume.
- Notion d'élasticité comme rapport
d'accroissement relatif.
- Coût moyen, coût marginal (résolution
graphique).
On ne perdra pas de vue que certaines parties du
programme se prêtent particulièrement à la présentation
des principes élémentaires des enquêtes par sondage. On
veillera à utiliser les technologies de l'information et de la communication
pour mobiliser des ressources locales, nationales et européennes (banques
de données, logiciels de simulation et de traitement, Internet).
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