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::::: Sciences économiques et sociales :::::

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Productivité et investissement

Les indications complémentaires du programme de seconde indiquent : "On mettra en relation les notions de combinaison productive, de productivité et d'investissement." La combinaison productive ayant déjà été abordée, enchaînons avec les notions de productivité et d'investissement.

Problématique : le travail humain devient-il plus efficace au fil du temps ? Comment mesurer ce phénomène ? Qu'est-ce qui en est à l'origine ?

1 - Le travail humain devient-il plus efficace au fil du temps ?
A cette première question on répondra oui, si l'on se situe sur une longue période. Prenons un exemple. Sur un chantier du bâtiment et des travaux publics, un grûtier est capable grâce à son engin de hisser des centaines de kilos de ciment à n'importe quel étage d'un immeuble en construction, et ce en quelques minutes. Auparavant, il fallait des dizaines d'ouvriers manoeuvres pour porter les sacs, ou les hisser avec une poulie. Il est clair que le travail du grûtier aujourd'hui est beaucoup plus efficace que celui d'un manoeuvre il y a 60 ans.

Ce n'est qu'un exemple, et il est assez orienté. Cependant, il renvoie à une réalité facilement observable dans la société moderne.

2 - Comment mesurer ce phénomène ?
Nous observons, nous concevons cela assez bien. Il reste à trouver un moyen d'appréhender ce phénomène. Qui est efficace, et par rapport à quoi ? Le travailleur a gagné en efficacité. Une même quantité produite (couler une dalle de ciment au 18ème étage d'un immeuble en construction) va nécessiter moins de travail humain pour être réalisée (un seul ouvrier, le grûtier, contre des dizaines de manoeuvres avant). La situation en ce qui concerne le capital est un peu différente, et je la laisse de côté pour l'instant.

Plus de production, réalisée avec moins de travail : la notion qui permet d'appréhender ce curieux phénomène économique s'appelle la productivité. La productivité est un rapport entre la quantité de biens et services (ce qui est créé) et la quantité de facteurs de production utilisée pour les créer. C'est un indicateur de l’efficacité des facteurs mobilisés pour la production.

Dans la réalité, il est très difficile de distinguer la contribution du capital (la grue) et la contribution du travail (le grutier a une qualification qui le rend plus efficace que l'ouvrier sans qualification). C'est pourquoi l'INSEE parle de productivité apparente du travail et de productivité apparente du capital. La notion la plus utilisée quoique la plus approximative reste celle de productivité globale des facteurs définie par VA /(K+L). La mesure de la productivité n'est donc pas aisée.

3 - Qu'est-ce qui est à l'origine de la productivité ?

Reprenons l'exemple du chantier du bâtiment. Avec la mise en place de la grue, une partie des ouvriers non qualifiés (ceux qui portaient les sacs à dos d'homme ou manoeuvraient la poulie) ont sans doute perdu leur emploi. Par contre le travail des autres est devenu beaucoup plus efficace, plus précis, plus rapide.

Une grue relève de ce qu'on a appelé précédemment le capital technique; plus précisément étant donné qu'elle participera à de nombreux cycles de production (elle servira à de nombreuses constructions) il s'agit de capital fixe. Et cela en dépit du fait qu'une grue, ça tourne !

Cette acquisition de capital fixe, c'est précisément ce qu'on peut appeler l'investissement (définition élémentaire, à préciser). Synonyme de capital fixe : biens d'équipement, moyens de production. L'investissement est l'opération économique qui se traduit par la constitution d'éléments nouveaux de capital fixe.

L'investissement est donc un déterminant essentiel de la productivité (nous verrons en classe de première qu'il peut être le fait des entreprises, mais aussi des administrations et des ménages).

Problématique : quelles sont les formes de l'investissement ? Quelles sont les conséquences de l'investissement sur l'emploi ?

A propos du second questionnement ci-dessus, le BO nous dit "On pourra analyser les effets de l'investissement sur l'emploi. Il s'agira d'un premier exemple de construction d'un raisonnement économique.". Allons-y gaiement !

1 - Quelles sont les formes de l'investissement ?
Sans trop s'y attarder, notons qu'il faut distinguer investissement matériel (repérable dans l'actif des bilans des entreprises : locaux, terrains, machines, outils, matériel etc) et l'investissement immatériel (considéré comme une simple dépense courante : recherche, logiciels, publicité, marketing). Si l'investissement immatériel était considéré autrement, il ouvrirait droit à l'amortissement fiscal pour les entreprises. Il est intéressant de noter que le débat "académique" autour de cette notion est conditionné par les histoires de gros sous qu'il y a derrière.

Une dépense immatérielle (en services donc) peut être analysée comme un investissement si elle a des effets à long terme sur la productivité (ou la capacité de production) de l'entreprise. Les manuels sont plein d'exercices visant à apprendre à distinguer investissements matériels/immatériels.

Une autre distinction couramment admise est celle en terme d'investissement de capacité, investissement de remplacement, et investissement de productivité. L'investissement de capacité, c'est lorsque par exemple j'ai trois machines-outils dans un atelier et que j'en ajoute une quatrième. Cette machine supplémentaire me permet de produire plus : elle augmente ma capacité de production. L'investissement de remplacement, c'est lorsque je remplace une machine arrivée en fin de vie par une machine neuve. Cela correspond à la notion d'amortissement : je maintiens le stock de capital en remplaçant l'ancien par le nouveau. Cette notion ouvre la porte à une discussion théorique ancienne sur les générations de capital; elle peut déboucher sur la remise en cause de la notion même de capital technique. Mais cela nous entraînerait trop loin. L'investissement de productivité enfin, c'est lorsque j'installe une grue de chantier piloté par un grutier qualifié, à la place de quinze ouvriers manoeuvres portant le ciment. Ou si je remplace cinq peintres au pistolet dans un atelier de peinture d'une usine automobile, par un robot de peinture piloté par un seul opérateur.

Cette distinction en investissement de capacité, investissement de remplacement, et investissement de productivité est commode et on la retrouve souvent dans les manuels, mais il convient de ne pas y attacher trop d'importance. D'ailleurs elle est discutable.

1 - Quelles sont les conséquences de l'investissement sur l'emploi ?
On entre ici dans un questionnement beaucoup plus intéressant. Quelques éléments ont été donnés dans le chapitre "L'emploi, une question de société", la partie sur le chômage. L'investissement accroit la productivité et donc la richesse nationale, mais quel intérêt s'il crée plus de chômage ? D'ailleurs crée-t-il vraiment plus de chômage ? Telle est la question.

On peut se situer dans deux horizons temporels différents. Commençons par le court terme. Les investissements de productivité impliquent le remplacement des hommes par les machines (substitution capital-travail, augmentation de l'intensité capitalistique), c'est ce qui les justifie d'ailleurs. Les suppressions d'emploi sont donc souvent la première conséquence de tels investissements. Si l'on considère que les 3/4 des travailleurs dans les pays développés n'effectuent que des tâches répétitives, il est net que leurs emplois sont en permanence menacés. Il existe de nombreux exemples.

Par contre à long terme, l'investissement est une donnée fondamentale de l'économie (en plus d'être la fonction sociale des propriétaires de capitaux). Sans investissement, pas de capital, donc in fine pas de production. Trois arguments sont traditionnellement employés pour expliquer ce qui est créateur d'emplois : la production de machines, la production de biens en grande quantité et vendus bon marché grâce aux gains de productivité, et l'augmentation de la consommation (ancienne et nouvelle). Dans les deux premiers cas, le rôle de l'investissement est évident. Pour le reste, la croissance de l'investissement dans un secteur donné va se traduire par une hausse de la production de ce secteur. Les revenus supplémentaires distribués vont avoir un effet dopant sur les autres secteurs (effet de déversement, Alfred Sauvy). De proche en proche, la croissance augmente, et avec elle l'emploi.

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Prof de S.E.S s'arrachant la tête avec la productivité